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Le permis de conduire en voie de disparition !

Le permis de conduire en voie de disparition !


Publié le : 13/06/2014

Voiture sans chauffeur

Imaginez la scène : vous habitez Paris, Lyon ou Marseille, il est 17h30, heure de pointe, et vous vous apprêtez à quitter le travail. Vous sortez votre smartphone quelques minutes avant pour demander à votre voiture de venir vous récupérer grâce à un système basique de géolocalisation. Vous sortez alors du bureau, votre voiture vous attend déjà en double file devant la porte d’entrée (oui ça ne va pas aider les flemmards !). Il pleut, vous ouvrez donc la portière à distance pour ne pas trop vous mouiller. Vous entrez dans votre voiture, finissez de répondre à vos mails et vous envoyer un petit selfie à votre femme pendant que la voiture vous ramène chez vous. Arrivé devant votre bel immeuble Haussmannien, votre voiture vous dépose au pas de la porte et là… Mon moment préféré : vous lui dîtes d’aller se garer toute seule ! Cela peut lui prendre la nuit pour trouver une place peu importe ! Tant qu’elle vient vous récupérer demain matin… La voiture autonome est à l’honneur au CES 2014 de Las Vegas. Avant, on en parlait beaucoup, notamment avec la Google Car. Maintenant, on les voit, on peut les toucher voire même les essayer pour les plus chanceux d’entre nous. La voiture sans chauffeur, c’est l’étape qui suit logiquement celle de la voiture connectée. Ce n’est pas pour tout de suite mais cette fois, les choses semblent se concrétiser et la commercialisation de ce nouveau type de véhicule pour le grand public n’est plus qu’une question de temps.  

      I.   Le concept de la voiture autonome

Une voiture autonome est une voiture conçue pour pouvoir rouler automatiquement sans intervention humaine. D’un point de vu technique, l’enjeu est d’assurer aux passagers une fiabilité dans toutes les situations notamment dans des environnements complexes comme les zones urbaines, et tout ça sans aucune infrastructure spécifique.

En court : une voiture qui roule toute seule. Comme dans les films de science fiction.

La voiture de Tom Cruise dans Minority Report

Mais sur un plan « humain », c’est avant toute chose la sécurité qui prime. Avec les voitures autonomes, les constructeurs espèrent réduire considérablement le nombre d’accidents en diminuant voire en supprimant l’erreur humaine à la source de nombreux accidents (voir par exemple notre article sur l’accidentologie moto). Ainsi, le taux de mortalité lié aux accidents de la route devrait considérablement baisser. En second lieu, la voiture autonome permettra aux personnes « déficientes » d’accéder à une plus grande mobilité. On pense notamment aux mal voyants ou aux séniors  pour qui conduire peut être une véritable source de stress, de danger ou voire même tout simplement impossible pour certains. Grace à ce mode de déplacement nouvelle génération, nombre de personnes autrefois marginalisées, auront accès à une liberté de mouvement jusqu’ici inégalée. -> Un aveugle teste la voiture autonome de google : D’un point de vu plus « logistique », les voitures autonomes permettront de réguler considérablement le trafic, notamment en centre ville. Une circulation plus fluide donc, personne ne sera contre cette idée ! Sur un plan écologique, c’est là encore une opportunité de réguler les émissions de CO2 par exemple. Enfin, c’est évidemment son côté pratique qui fera craquer la plupart d’entre nous, comme illustré en introduction. Bref, un petit aperçu de quelques fonctionnalités très appréciables, notamment pour ceux dont la voiture n’est qu’un moyen de transport et pas spécialement un loisir ou une passion. En même temps, qui prend plaisir à conduire en centre ville un lundi à 17h30. Même avec un Porshe Cayenne, c’est surtout très énervant, stressant et clairement dangereux.

     II.   Où en sont les constructeurs ?

Et bien, au risque de ne pas du tout vous surprendre, les plus avancés dans ce domaine sont… suspense… les allemands ! Mais ce ne sont pas les seuls à s’être lancé dans cette course contre la montre. Loin de là. A qui donc, la première voiture autonome commercialisable ? BMW, Mercedes, Audi et Volvo notamment ont déjà développé des prototypes quasiment opérationnels. A quelques points près. En tout cas, certains de ces constructeurs testent régulièrement leurs prototypes en conditions réelles : la ville. Et ça à l’air de plutôt bien fonctionner. C’est le cas par exemple de BMW mais aussi de la marque suédoise Volvo, qui a déjà mis en circulation plus d’une centaine de leurs voitures autonomes de part et d’autre de la ville de Göteborg, la deuxième plus grande ville du pays de IKEA. Certains prototypes sont quasiment prêts à être lancés sur le marché, et sont déjà en phase de test auprès de quelques clients chanceux. En effet, ces voitures sont désormais capables de se maintenir dans une voie, de prendre une sortie d’autoroute et de reconnaître les limitations en lisant les panneaux de signalisation, de comprendre le comportement du véhicule qui la précède, de tenir les distances de sécurité ou même de doubler en cas de ralentissement et bien évidemment de se garer toute seul. En court, elle est capable, sur un itinéraire choisi, de vous amener saint et sauf à bon port sans même lever le petit doigt ! Enfin presque puisqu’il faut tout de même appuyer sur un bouton. Quelques exemples :
  • etc.
Comme on vous le disait, les exemples fleurissent sur le web et chacun propose sa petite touche personnelle pour rendre nos voitures autonomes. On ne va pas toutes les lister, il n’y aurait que peu d’intérêt. Vous aurez compris le principe ! En revanche, en ce qui concerne leur prix, c’est une tout autre histoire. Un peu moins magique pour le coup. A l’heure actuelle, une voiture autonome nécessite beaucoup de technologie pour fonctionner. Et évidemment la technologie, ça coute cher ! Pour la « Google self driving car » par exemple, il faudrait débourser environ 75 000$ pour le prototype basé sur le modèle Prius de Toyota, qui au passage est une des voitures les plus fiables au monde. Mais 75 000$ quand même. [caption id="attachment_828" align="aligncenter" width="614"]Google Self-driving car's prototype Prototype de la voiture autonome de Google[/caption] La bonne nouvelle, c’est qu’avec la technologie les coûts baissent très rapidement. En revanche, rien ne prouve que le « self driving car » de Google sera une Toyota Prius. Donc rien ne prouve qu’il y aura un modèle grand public à 75 000$. Certes utilisée depuis 2010 par l’équipe en charge du projet, la Toyota Prius pourrait bien se faire voler la vedette par un autre modèle entièrement conçu par Google. En effet, pas plus tard que le mardi 27 mai 2014, Google a présenté officiellement son propre modèle de voiture autonome. Un modèle 100% électrique au design très original qui reflète bien l’état d’esprit de la société californienne. Toujours pas baptisé, Google précise sur son blog (ici : http://googleblog.blogspot.fr/2014/05/just-press-go-designing-self-driving.html ) qu’il s’agit de la toute première version de leur prototype. Une manière de dire « ne vous inquiétez pas si pour l’instant son design très spécial ne fait pas l’unanimité. ». On vous laisse juger par vous même : [caption id="attachment_824" align="alignnone" width="576"]La voiture autonome 100% Google La première voiture autonome 100% Google[/caption] (bref…) En ce qui concerne ses caractéristiques, Google explique que ce modèle ne possède ni d’embrayage, ni de pédale d’accélérateur, ni même de pédale de frein. Il semblerait d’ailleurs qu’il n’y ait pas non plus de volant. Un simple système de commande vocal semble suffisant pour se déplacer d’un point A à un point B. Google justifie ce choix de manière très simple : si ces commandes manuelles ne sont pas présentes dans cette voiture, c’est qu’il n’y en a tout simplement pas besoin. Le logiciel et les détecteurs présents dans le véhicule s’occupent de tout et, cela sous-entend, mieux que vous ne pourriez jamais le faire ! Un bouton d’urgence est quand même présent au cas où le robot aurait finalement besoin d’une intervention humaine. Ce prototype peut d’ores et déjà accueillir simultanément deux passagers à son bord mais sa vitesse est par contre limitée à 40km/h pour le moment. Enfin, un écran installé sur le tableau de bord permet de suivre/contrôler (cela dépend de la confiance que vous avez dans le véhicule) certaines informations comme l’itinéraire de navigation par exemple. Découvrez plutôt la vidéo présentation du « Google self driving car », baptisée « First drive » proposée par Google :  

   III.   Comment ça marche ?

Et bien finalement, rien de plus simple. Non je plaisante. Sans rentrer dans les détails, plusieurs technologies sont couplées pour obtenir le résultat le plus fiable possible dans toutes les situations possibles et imaginables. Il y a d’une part les capteurs. Placés tout autour de la voiture, plus d’une dizaine de capteurs sont utilisés pour détecter chaque point de l’environnement. En double. Prudence est mère de sureté. Ces systèmes de détection longue portée permettent de détecter des objets jusqu'à environ 250 mètres. Ils permettent notamment de repérer la voiture qui vous précède et de capter ses mouvements et donc, de garder une distance de sécurité nécessaire. Ensuite, des caméras sont utilisées pour déceler des objets mais surtout pour les reconnaître. Ainsi la voiture saura si elle a à faire à une autre voiture, à un piéton, un vélo, ou encore à une rue etc. Des radars de type infra-sons sont aussi placés de part et d’autre de la voiture. Ces radars sont utiles pour détecter des objets à très courte portée en émettant des ondes sonores (inaudibles) qui seront réfléchies par l’objet en question. De cette manière, la voiture sait situer de façon précise et en temps réel les objets à proximité du véhicule. Un vélo qui vous frôle dans une petite rue par exemple. Ou peut être même un chat que vous risqueriez d’écraser ! Enfin, un boitier GPS pour localiser la voiture est indispensable. Et oui, il faut bien qu’elle sache où elle est pour savoir où elle va ! La voiture ne doit jamais perdre le Nord ! Mais bien sûr, tous ces petits gadgets ne serviraient à rien sans un plus gros : l’ordinateur. C’est à lui que vous confierez finalement votre vie. (j’espère qu’il ne tourne pas sous Windows ;-) C’est en effet cet ordinateur qui va traiter toutes les données cumulées par la multitude de capteurs, de radars, de caméras et du GPS présents dans le véhicule. Il faut bien que quelqu’un ou quelque chose prenne les décisions à un moment donné. Bien sûr cette liste n’est pas exhaustive et de nombreuses autres technologies sont aussi utilisées, ce ne sont que les principes de base. Toujours est-il que même si les constructeurs utilisent des technologies différentes, le résultat final est sensiblement le même : la voiture roule toute seule et on ne meurt pas.  

  IV.   Quand la technologie va plus vite que la réalité 

[caption id="attachment_887" align="aligncenter" width="569"]Quand la technologie va plus vite que les lois Prévoir rapidement l'impact des nouvelles technologies sur la législation[/caption] Le problème avec ces innovations toutes droites sorties du futur c’est qu’on ne les a pas anticipées… Les lois actuelles, notamment en Europe, ne permettent tout simplement pas la circulation de ce type de voitures. On considère aujourd’hui encore que « Tout conducteur doit constamment avoir le contrôle de son véhicule ou pouvoir guider ses animaux». (source)

« pouvoir guider ses animaux » ???

Cet extrait de l’article 8 de la convention de Vienne concernant le trafic routier européen date de… 1968 ! La ceinture de sécurité n’était même pas encore obligatoire en France à cette époque. Mais comment font-ils pour tester légalement les voitures me demanderez-vous ? A grands coups de dérogations. Les groupes de constructeurs automobiles sont particulièrement puissants comme vous vous en doutez surement, surtout en Allemagne. Ahhh, d’où l’avance des constructeurs allemands dans ce domaine alors. Peut être. En France aussi on en a eu rassurez vous. Mais fort heureusement pour les voitures autonomes, les choses sont en train de bouger. Et pas qu’un peu. D’un autre côté, il était temps de se mettre à jour. Aux Etats-Unis, deux Etats ont récemment autorisé la voiture autonome sur leurs routes. Après le Nevada, c’est au tour de la Californie qui depuis ce mardi 20 mai rend la voiture autonome légale à partir du 16 septembre 2014. En Europe, les tests sont aussi autorisés depuis peu dans certains pays. En effet, le 20 mai 2014 encore une fois, 5 pays européens ont apporté leur soutien à un traité des Nations Unis, permettant la commercialisation et la circulation des voitures autonomes. Ces pays sont étrangement des pays dans lesquels les lobbies automobiles ont plus de poids. Je parle de l’Allemagne, l’Italie, la France, l’Autriche et la Belgique. EDIT  du 3 juillet 2014 : Le mercredi 2 juillet 2014, le gouvernement et les acteur majeurs du secteur automobile français (Renault, PSA, Valeo etc.), menés par  Arnaud Montebourg (actuel ministre de l'économie), se sont réuni à Bercy au sein du comité de pilotage  "voiture autonome". Il a finalement été décidé qu'une mise en circulation dite "expérimentale" des voitures autonomes sur routes ouverte sera autorisée à partir de 2015. Le but étant bien évidemment de permettre aux constructeurs français de pouvoir tester et développer leur prototypes et de donner au "made in France" la possibilité de rester compétitif, innovant et performant face à la concurrence étrangère. Une année 2015 qui commencera donc sur les chapeaux  de roues en terme d'innovation. Car ce n’est pas aussi simple que ça. C’est même plutôt compliqué à vrai dire. D’une part, les voitures autonomes ne le sont pas encore totalement, il reste des progrès à faire de ce côté là. En revanche, certaines voitures semi-autonomes sont déjà commercialisées comme la Mercedes class S. En effet, celle-ci possède une commande qui permet d’activer la conduite autonome dans des bouchons par exemple jusqu’à 60 Km/h. Au delà le conducteur doit reprendre le volant et donc une conduite standard. D’autre part, la voiture autonome rencontre encore des problèmes dans certains cas comme lorsqu’il pleut par exemple. Les détecteurs fonctionnant à l’aide de rayons lumineux, la pluie a tendance à dévier les trajectoire des rayons ce qui fausse l’interprétation des données récoltées. Tout comme avec la poussière ou la saleté qui s’accumulent au fur et à mesure sur les lentilles des caméras. Des détails certes mais des détails importants ! Enfin, il y a le problème de la responsabilité.En cas d’accident, qui est responsable ?

Responsabilité accident voiture autonome

Le conducteur qui n’est pas sensé intervenir puisque les ordinateurs sont plus fiables que l’humain ? Le constructeur qu’on pourrait accuser de défaillance technique ? Oui mais s’il n’y a pas de défaillance technique ? Ou enfin le robot, l’ordinateur qui, à un moment donné a du prendre une décision, faire un choix. On commence même à parler d’un « droit des robots » pour justement définir quelles sont leurs responsabilités. Le flou devient fou ! Imaginons : Vous êtes paisiblement installé dans votre voiture du futur qui conduit toute seule sur une route de campagne. A votre droite, une rangée d’arbres défile. A votre gauche, une voiture arrive en sens inverse et va bientôt vous croiser. Soudain, un enfant surgit à droite de la route, en même temps que la voiture arrive en face (à gauche donc). Votre voiture ne peut pas éviter l’enfant sans entrer en collision avec la voiture d’en face. L’ordinateur doit donc définir une priorité d’action, de « sacrifier » quelqu’un finalement. Oui mais qui ? L’enfant (si la voiture continue sa route), vous-même (si le véhicule sort à droite de la route vous finissez dans les arbres) ou la voiture d’en face que vous vous apprêtez à croiser (collision qui entraînera au moins deux victimes : vous et le conducteur d’en face) ? A qui la faute si l’accident est inévitable ? Certaines rumeurs parlent de programmes sensés limiter le nombre de morts dans ce type de situations. C’est la partie un peu glauque de l’histoire : laisser un robot choisir qui doit vivre ou mourir. Bref, dans certains cas les implications éthiques et légales risquent d’être compliquées.  

    V.   Un permis de conduire inutile dans le futur ?

Le permis devient obsolète

Exact ! Si des aveugles peuvent « conduire », à quoi bon passer son permis... Il est fort probable que celui-ci soit amené à disparaître à terme et que la conduite autonome soit imposée dans certaines zones comme en centre ville par exemple. Mais nous avons le temps avant que cette situation se généralise… Et vous, la voiture autonome ça vous tente ?

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