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Le motard : une espèce en danger

Le motard : une espèce en danger


Publié le : 24/05/2013

Rouler en moto est reconnu pour être beaucoup plus risqué qu’en voiture. Le motard est moins protégé et les deux roues sont plus vulnérables à la perte de contrôle ou d’adhérence. Sans parler de la mauvaise réputation : vitesse, conduite dangereuse…

Beaucoup d’idées reçues circulent sur la communauté des motards. Mythes ou réalité ?

Faisant moi-même partie des conducteurs de deux roues, j’ai voulu en savoir plus sur l’accidentologie des motos et partager ces informations afin de tordre le cou à certaines fausses idées et identifier les risques démontrés.

Nous verrons dans cet article que les glissières de sécurité sont effectivement les obstacles les plus souvent en jeu dans les accidents, mais que leur réputation est tout de même exagérée.

De plus, les obstacles de la route représentent une cause rare d’accidents : le plus gros facteur est sans conteste l’erreur humaine.

Mauvaise décision du motard, défaut de visibilité, beaucoup de ces facteurs pourraient être évités. Quand à la vitesse, (edit: ) c’est un mythe car rarement en jeu dans les accidents de moto ! à première vue les statistiques laissent à penser que c'est un facteur rare, mais puisqu'ils prennent en compte les cylindrées de moins de 50 cc dans l'étude MAIDS [1], il faut revoir les chiffres à la hausse.

État des lieux : parc moto VS parc auto

Le plus gros désavantage, c’est le nombre. Nous sommes peu nombreux face aux voitures avec 3,6 millions de 2 roues pour un total de 38 millions de véhicules en 2012. Cela fait beaucoup de monde sur les routes et donc inévitablement plus de risques d’accidents.

  Et ces chiffres comprennent les scooters. En fait les scooters représentent plus d’un tiers des 2 roues, en comptant les cylindrées inférieures ou égales à 125 cc.

En orange, les 2 roues les plus bruyants qui nous empêchent de dormir… (avis personnel complètement subjectif)

Source des données [1], ministère du développement durable.

Les routes ne sont pas faites pour les 2 roues

Le second problème et pas des moindres, ce sont les infrastructures routières. Elles sont avant tout pensées pour les automobilistes par des automobilistes. Source des données [2], observatoire de la sécurité routière.

Edit : Attention, les informations données sur les obstacles dans ce rapport concernent les contacts entre la moto et l'obstacle, et pas nécessairement entre le motard et l'obstacle. Ce ne sont donc généralement pas des sources d'accidents ! Seulement des facteurs aggravant. Lors d'un accident mortel, les forces de l'ordre enquêtent et notent leurs observations. Les cas décrits ici sont donc les obstacles fixes ayant été en contact avec le véhicule. Rien ne nous dit si le motard a effectivement été en contact avec la glissière ou la bordure par exemple (il peut avoir été projeté et tué au contact du goudron). Source : contact chargé de mission à la DSCR (Délégation à la Sécurité et à la Circulation Routière).

L’exemple le plus évocateur est celui des glissières de sécurité qui décapitent plusieurs motards chaque année. Edit : Je n'ai pas de chiffre à l'appui, d'où le vague "plusieurs". Leur nombre est certainement très faible, mais plus que leur nombre c'est l'aspect effrayant et violent de ce type d'accident qui le rend inacceptable. Même si la quasi totalité des accidents de deux roues sont dus à une erreur humaine (cf. détails plus loin), des infrastructures aussi dangereuses ne devraient pas exister. Remarque : les proportions données dans le graphique précédent sont à prendre avec précaution, car il y a probablement sur nos routes beaucoup plus de glissières métalliques que de glissières en béton par exemple, simplement parce qu'elles coûtent moins cher.

Même s’ils ne sont pas mentionnés dans l’étude en question (ils sont probablement présents dans la catégorie « autres »), beaucoup de dos d’âne sont dangereux en moto. Les ralentisseurs peuvent faire perdre le contrôle au motard, en particulier les « coussins berlinois » qui deviennent glissants par temps de pluie.

Ou encore dans la famille des dos-d’âne violents, les ralentisseurs amovibles.

En fait même un ralentisseur classique peut faire décoller une moto s’il est mal signalé, comme l’a montré cette célèbre video d’un motard de la police mexicaine exécutant un salto avec sa moto (source motomag).

Edit : Bien sûr, ces ralentisseurs ne sont pas très dangereux s'ils sont abordés à 30km/h, et c'est généralement dans de telles zones qu'ils sont présents, mais ils peuvent l'être lorsque l'on doit effectuer un évitement ou prendre un virage en leur compagnie ! De plus, il sont parfois entourés de plots qui rendent parfois leur évitement délicat. Je n'ose pas imaginer faire la manœuvre en GoldWing...

Et ce ne sont que quelques exemples, il y en a beaucoup d’autres !
  • Les normes établies pour les peintures blanches de marquage au sol ne sont pas toujours respectées et cela donne parfois des marquages glissant fatals pour l’adhérence des deux roues.

Edit : C'est inévitable que les bandes blanches n'aient pas la même adhérence que le goudron. Mais il est aussi possible d'augmenter l'espace entre les bandes des passages piétons par exemple. Celui-ci doit légalement être compris entre 50cm et 80cm. Il faut que nos conducteurs de travaux optent pour les 80cm, qui permettent en plus d'économiser de la peinture !

  • Les plaques d’égout dans les virages… Sérieusement ?

Aucun motard ne demande de supprimer ces plaques métalliques, même si elles sont glissantes par temps de pluie, mais au minimum elles ne doivent pas être placées dans les virages… ce n’est que du bon sens pour un motard mais les automobilistes et conducteurs de travaux n’en ont pas conscience semble-t-il. Inévitable ? Je demande à voir.

  • Les marquages au sol à l’aide de pavés. Eh oui, les pavés glissent aussi sous la pluie !
  • Ronds Points pavés. En particulier lorsqu’il n’y a pas de signalisation en bordure.
  • Les trottoirs à angle droit.
  • Etc.
C’est facile d’accuser les infrastructures, mais quelles sont vraiment les causes des accidents de moto ? En réalité, les infrastructures restent une cause d’accidents assez rare puisqu’elles représentent moins de (edit :) 4% des causes primaires d’accident de moto de type environnementaux: 2% pour la météo, 2% pour un entretien défectueux de la route, 1% les mauvais tracés, 1% les travaux et risques temporaires... Source des données [3], étude MAIDS. Dans le graphique suivant, ces facteurs sont situés dans la partie grise.

Errare humanum est

Selon une étude réalisée entre 2000 et 2009, la grande majorité des accidents de moto sont causés par des erreurs humaines : défaut de visibilité, mauvaise décision, mauvaise compréhension ou encore temps de réaction trop long.

 Creative Commons Attribution 3.0 Unported

Source des données [3], étude MAIDS. Edit : Précision, ces chiffres sont TOUS ACCIDENTS CONFONDUS. Dans les accidents mortels, la responsabilité est plus souvent due au motard avec 53,4% contre 33,3% des automobilistes (et autres véhicules).

Premier facteur : les automobilistes n’ont pas vu le motard dans près des trois quart des cas ! Ainsi, garder le clignotant lors d’un dépassement semble être pertinent afin d’être mieux visible. Rappelez-vous d’une règle d’or présentée sur les fiches moto du permis : le motard doit voir ET ÊTRE VU.

Second facteur : la prise de décision du motard. Freiner, éviter… parfois la situation est plus complexe que cela et il peut être très difficile de faire le bon choix rapidement.

Enfin, il semble que les motards aussi peuvent avoir des difficultés pour voir les autres véhicules… Serait-ce dû au casque ? une situation à visibilité réduite comme dans un carrefour, ou de nuit ? Près des trois quart des accidents de l’étude ont eu lieu le jour, et seulement 4% de nuit sur une route non éclairée, donc ce ne serait pas un problème de luminosité. L’étude ne nous éclaire pas trop sur ce point.

La vitesse : mythe ou pas ?

Et la vitesse dans tout ça ? Certainement un facteur aggravant et mortel, mais contrairement aux idées reçues ce n’est pas un facteur courant des accidents de moto, car près de 75% des impacts ont lieu à une vitesse de moins de 50 km/h, et 5,4% seulement au dessus de 100 km/h (source : étude MAIDS).

Edit : [ Ces chiffres concernent tous les 2 roues motorisés, donc scooters et petites cylindrées compris. Si l'on ne regarde que les statistiques des motos de cylindrée strictement supérieure à 50cc, les chiffres changent quelque peu : 61.6% des impacts ont eu lieu à une vitesse de moins de 50 km/h et 9.4% au dessus de 100km/h. (Rapport MAIDS, table 5.14 et conclusion, point 18)

Voici une capture d'écran issue de l'étude MAIDS. L1 signifie petites cylindrées (50cc et moins), les L3 sont les cylindrées strictement supérieures à 50cc :

Ceci concerne la vitesse à l'impact. Les cas de vitesse excessive en comparaison au trafic, constituant donc un facteur contribuant à l'accident, sont de 20.8%. Si les statistiques précédentes semblent valorisantes, celle-ci ne l'est pas. Cela représente tout de même un motard sur cinq qui roulait trop vite ! Mythe ? Peut-être pas tant que ça finalement... ]

Les collisions mortelles : décryptage

Source des données [2], observatoire de la sécurité routière. Attention, images non contractuelles ! Les représentations données ici le sont à titre d’exemple car l’étude ne décrit pas en détail les positions des véhicules lors des accidents : choc latéral entre une voiture et un 2 roues ne nous dit pas si c’est le côté de la voiture ou du 2 roues qui est en jeu, et encore moins quel côté. Plus d’un tiers des accidents mortels ont lieu lorsque le motard est seul. Attention aux virages et aux routes de campagnes… Avec une auto, la plus mortelle est sans surprise la collision latérale : gare aux priorités à droite. Enfin, la collision frontale est aussi bien représentée, on peut supposer que c’est un danger lié aux dépassements. Résumé graphique (cliquer pour agrandir) :

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Accidentologie moto Sources :

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